Conques

Publié le par radiopipette.over-blog.com

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Abbatiale de Conques

 

J’arrive à Conques par la vallée. Depuis le plus haut Moyen âge, la ville de Conque à rayonné, par son importance religieuse (et donc aussi économique ), dans l’Europe entière et était une étape majeure sur le chemin de Compostelle. Pour développer l’affaire, qui au début tournait à moitié, des moines de conques avaient piqué à leurs collègues d’Agen, les reliques de Sainte Foy,  une sainte ayant accompli des miracles « d’enfer » (genre rendre la vue à un aveugle énucléé : ça en jette !). Elle fut finalement martyrisée par les romains pour avoir refusé de se prosterner devant leurs idoles. Du solide donc ! Mais, notez bien que ce piquage de reliques ne s’appelle pas un vol. Non, non ! C’est tout au plus une « translation furtive », à la rigueur un  « pieux larcin ». Ils s’emmerdaient pas à l’époque ! Bref, la sauce a bien monté. Conques a commencé à rayonner sur l’Europe moyenâgeuse et est devenue ce qu’elle est devenue.

 

Conques--visages.jpgA part cela, j’adore cet endroit, presque autant que Vézelay. Il y règne à peu près le même genre de sérénité. La ville est très belle, très ancienne, bien restaurée. Et l’abbatiale romane est d’une très grande beauté. Récemment, l’ensemble des vitraux ont été refaits par Pierre Soulage, peintre abstrait bien connu,  dans un style extrêmement sobre mais qui fait la part belle à la lumière. Emouvant dépouillement!

 

 

 

 

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Je loge à la maison d’accueil de l’abbaye Sainte Foy, tenue par des chanoines prémontrés, et  y reçois un accueil fort évangélique. Bénévoles qui accueillent les pèlerins, prière et chant avant le repas, office du soir (complies) avec bénédiction des pèlerins et distribution de l’évangile, suivi d’un exposé sur le tympan de l’église par un frère au sens de l’humour assez prononcé, puis petit concert de musique dans l’église. Je prends donc un solide bain de catholicisme, mais je m’en sors quand même indemne. (A noter que, pour le même prix, je serai, en plus, baptisé le lendemain car un orage canon me tombera sur le râble). Et tout ça à mon âge. J’ai tout de même une vie pas banale.

 

En fait, mon passage à Conques sera aussi une occasion, rare jusque là sur mon parcours, de me frotter au petit monde des pèlerins de St Jacques. Je dois dire que j’ai rencontré un peu de tout : des personnes sympas. Généreuses, prévenantes, avenantes. J’ai croisé, par exemple, un jeune belge très sympa, étudiant en économie à Bruxelles, qui s’était lancé seul sur un mois de parcours à pied, sans savoir jusqu’où cela irait, au propre comme au figuré, d’ailleurs. Démarche relativement courageuse et qui le mettait en recherche par rapport à lui-même et lui faisait prendre un sérieux recul par rapport à sa vie et ses choix. Ce genre de personnes sont plutôt dans une démarche dont l’honnêteté me plait. Il y en a d’autres par contre qui viennent, à mon sens, plutôt se faire leur petit Saint Jacques pour le fun. Quelques étapes, pour dire qu’on l’a fait et que « c’est tellement bien ». Avec tout le tralala. Le bâton de pèlerin, la coquille, le petit carnet où l’on collectionne les cachets des lieux de passage. En général, plus ils en font, moins ils vont loin. Il faut bien sur s’abstenir de juger les gens, et plus encore de les juger trop vite, mais ce genre de comportement m’énerve. Je n’y peux rien.

 

Je visite le musée avec le trésor de sainte Foy, avant de partir. Des reliquaires richement orfévrés et décorés d’émaux des époques mérovingiennes, carolingiennes et du haut moyen âge. Emouvant de voir ce travail très fin et millénaire. Parfois un peu chargé tout de même. Tout ces pieux objets sont incrustés de bibelots de l’antiquité romaine : pierres précieuses finement gravées au stylet, camés d’une finesse extrême mais qui n’ont parfois carrément rien à voir avec les valeur chrétiennes. J’en conclus que, pour peu que ça aie de la valeur et que ça démontre la puissance et la richesse, peu importe l’image. Contraste avec la symbolique des chapiteaux d’église.

 

Je quitte conques sous les orages et prends le chemin de chez Sylvie et Laurent qui habitent à 25 km de là

 

A plus

 

Pierre

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